Des dizaines d‘adolescents arrivent chaque jour à Marseille, et ont traversé plusieurs pays, au péril de leur vie. Les témoignages semblent irréels tellement les faits rapportés sont terrifiants. Certains ont connu la torture, la prison, l‘esclavage, la faim, la soif, la survie parmi les morts lorsqu‘ils ont traversé la méditérannée sur des bateaux de fortune. Ce sont des enfants, démunis, fatigués, et en grande souffrance qui débarquent à Marseille. Certains ont contracté des maladies et ont besoin de soin. Tous souffrent de symptômes post traumatiques et de malnutrition.
Une suspicion quasi systématique :
Alors oui, certains décideurs, y compris au sein de nos institutions nous diront : Ils ne sont pas vraiment mineurs, ils nous mentent sur leur âge. Tandis que d’autres se refusent à accueillir toute la misère du monde et revendiquent même la priorité aux mineurs de chez nous. Nous nous disons que le manque de moyens des départements, l’absence de volonté nationale et locale d’apporter des solutions dignes à l’accueil de ces enfants conduit à toutes les dérives, notamment celle de la suspicion.
Avec ou sans OPP (ordonnance de placement), le traitement est le même : abandon, négligence, maltraitance morale par manque d‘accompagnement. Ceux qui ont la chance d‘être hébergés à l‘hôtel ne bénéficient parfois d‘aucun accompagnement. Ils ont tout juste de quoi manger.
Nous, nous disons que c‘est non seulement hors-la-loi mais aussi et surtout humainement intolérable !!!
Quels sont les chiffres ?
Syndicalement nous dénonçons depuis des années la pénurie de places d‘accueil pour l‘ensemble des enfants qui ont besoin d‘être placés, phénomène qui s‘est accentué avec les logiques budgétaires d‘austérité au détriment du service public de la protection de l‘enfance.
Au département, ce sont aujourd‘hui 150 OPP qui ne sont pas exécutées sous prétexte de manque de place. Autant de jeunes qui ne sont ni hébergés, ni accompagnés. Les mises à l‘abri (période pendant laquelle le jeune doit être évalué) ne sont pas systématiquement mises en place comme le prévoit la loi. Les services mandatés par le Département pour assurer un accueil de jour et un accompagnement sont dépassé par la situation. La faute à qui ? Sûrement pas aux professionnels.elles à qui on demande d‘aider ces jeunes dans des conditions de travail déplorables, liées aux manques de moyens aloués pour cette mission d‘urgence sociale et sanitaire.
Une inégalité de traitement :
Le comble du comble : Quand enfin certains parviennent à être placés en foyer, on apprend que le prix de journée n‘est pas le même suivant l‘établissement d‘accueil. Pourquoi ? Ces jeunes ont moins de besoin que les autres? Il existerait une prise en charge Low cost ?
Dans l‘Education Nationale, Le manque de places et de moyens au sein des dispositifs adaptés laissent des jeunes sans scolarité ou orientés vers des filières où restent des places vacantes, en général en professionnel et sans lien avec leurs projets.
A la PJJ c‘est pas mieux. Les mineurs non accompagnés sont incarcérés plus que les autres, faute de garanties de représentation (une adresse par exemple) et de places en foyer. Nous assistons à une politique pénale totalement discriminatoire les concernant. Les solutions d‘hébergement à la sortie de détention sont quasi nulles. Pire, certains responsables demandent aux éducateurs-trices d‘amener ces jeunes dans la rue avec un ticket de bus et un ticket resto.
Cela s‘appelle une inégalité de traitement et à la CGT nous disons que c‘est intolérable !
Nous affirmons haut et fort qu‘aucune considération financière ne devrait s’inviter au débat quand il s’agit de respecter la loi en matière de Protection de l’Enfance seul l’intérêt premier de l’Enfant devrait guider les pratiques; la loi doit s’appliquer, quelle que soit les origines, la couleur de peau, l’itinéraire …
Heureusement que certains collectifs, syndiqués et autres solidaires ont développé des réseaux d‘accueil, ce qui permet dans une moindre mesure de rendre acceptable l‘inacceptable. Est il normal que des militants solidaires pallient les carences des Institutions et gérent la pénurie des places d’accueil ?Nous affirmons et nous cesserons d‘affirmer qu‘il est possible d‘ouvrir des places en urgence à hauteur des besoins et de créer des postes éducatifs pour accompagner ces jeunes.
Nous demandons au Conseil départemental de tout mettre en œuvre pour garantir l’accueil et un accompagnement de tous ces enfants et de faire de leur protection une priorité absolue.
LA CGT EXIGE :
– L‘ouverture de places en nombre suffisant pour accueillir les mineurs qui sont à la rue.
– Un accompagnement éducatif et psychologique digne de notre mission de protection de l‘enfance, c‘est-à-dire pas au rabais avec un prix de journée équivalent à ceux pratiqués pour l‘ensemble des enfants relevant de l‘Aide Sociale à l‘Enfance.
– l‘accès égalitaire à la scolarité.
– La création de dispositifs de santé adaptés et en nombre suffisants.
– Des conditions de travail décentes et des formations adaptées pour tous les professionnels qui accompagnent ces adolescents.
La CGT CONDAMNE :
– Les discours discriminatoires qui consistent à créer des distinctions au sein même de la protection de l‘enfance.
– L‘idéologie fascisante décomplexée qui traverse les discours et les pratiques y compris dans le travail social, ceci afin de justifier les inégalités et créant ainsi des divisions entre les plus vulnérables.
– La criminalisation des personnes solidaires qui prennent leurs responsabilités palliant les défaillances de tout un système.
– Les politiques gouvernementales et de l‘union européenne qui bafouent les droits élémentaires et fondamentaux.
La CGT APPELLE :
A un rassemblement solidaire et unitaire à l‘occasion de la journée internationale des droits de l‘enfant :
Le 20 NOVEMBRE à 11H30, devant le conseil départemental, métro Saint Just.
POUR LA PROTECTION DE TOUS LES ENFANTS SANS DISTINCTION ! POUR LA DEFENSE DU SERVICE PUBLIC DE LA PROTECTION DE L‘ENFANCE !